VIE ET REGARDS

Et la mort me sourit comme un soleil d’avril
Un brouillard du matin sur les coteaux brûlés
Les chevaux de la nuit ont emporté mon rire
Et le reste et la vie et les regards aussi

Les chemins de l’automne ont déchiré mon âme
Le printemps a joué aux cartes de l’ennui
La rivière a séché tout le flot de mes larmes
Et le reste et la vie et les regards aussi

La lumière du matin s’élève sur les dunes
Du désert qui s’enfuit au seuil des lendemains
Les couleurs de mes rêves sont tombées dans l’abîme
Et le reste et la vie et les regards aussi

Une chanson crépuscule a basculé mes rides
Sur mes cheveux blanchis par les heures taries
La musique a perdu ses caresses et dérive
Tout le reste et la vie et les regards aussi

L’été a dépouillé mes amoures orphelines
La beauté qui vacille a des armes rouillées
La pluie a retenue chaque fleur anonyme
Et le reste et la vie et les regards aussi

Des enfants sont passés sur mes traces guerrières
Des voleurs ont acquis les bouquets désirés
Les amoures interdites ont des cris millénaires
Et le reste et la vie et les regards aussi

Mes yeux ont dû rêver des pollens de roses
Dans la pièce envahie de miel de poésie
Les parfums du bonheur ont perdu la mémoire
Et le reste et la vie et les regards aussi

Dans un champ de lavandes enrubanné d’abeilles
Un homme s’est pendu aux rayons du soleil
La corde s’est tendue dans le sang de la terre
Emportant avec lui ses regards et sa vie

La nuit a étendu sa noire chevelure
Sur ma peau déchirée de blessures fanées
Elle a écartelé mes sensations de lune
Et le reste et la vie et les regards aussi

Mon enfance dormait sous des plumes légères
Sous des carcans rouillés par les années perdues
Elle a suivi la route en brûlant mes paupières
Et le reste et la vie et les regards aussi

Tous les livres qui dorment au creux de mon histoire
Je les ai déjà lus comme on file du lin
L’écheveau de mes cris a tissé du brouillard
Et le reste et la vie et les regards aussi

Comme un pantin blafard au sommeil livide
Mon cœur monotone chantonne les refrains
Qui ont cassé mes yeux en oubliant de dire
Que la montagne est noire quand revient le chagrin

Les papillons de nuit ne sont plus que des braises
Cigarette allumée jouant avec le feu
Dévorant les forêts les chemins de traverse
Et le reste et la vie et les regards aussi

Je voudrais m’endormir à l’ombre des glycines
Avec un vin clairet résonnant dans mon verre
Et l’amour qui rassure me bercerait sans trêve

Et le reste et la vie et les regards aussi

Je regarde immobile le temps qui s’évapore
Qui transperce les jours de perfides folies
Des vagues de chimères ont bouleversé les algues
Et le reste et la vie et les regards aussi

Mais la mort me sourit comme un soleil d’avril
Un brouillard du matin sur les coteaux brûlés
Les chevaux de la nuit ont emporté mes rires
ET LE RESTE ET MA VIE ET LES REGARDS AUSSI


Quand l’amour a souffert et s’envole à tire d’ailes, je t’ai aimée si fort et malgré tout si mal, souriant au soleil à la lune à la vie, veloutant ses chansons des sources de colères, quand l’amour est si fort et s’envole à tire d’ailes……

Les chevaux de la nuit ont emporté tes rires
Et le reste et la vie et ton regard aussi…

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