« REQUIEM » (écrit le 17.10.1990)
A Léo

Pour l’oiseau dont les ailes ont bousculé le chant
Pour le spleen de tes seins prisonniers de ton âme
Pour la fanfare jouant sur la place vautrée
Pour les cons défilant le regard dans la mire
Pour ta peau qui se meurt dans des milliards de rides
Pour ton cul assoiffé de membres honoraires
Pour l’artiste criant ses toiles à la criée
Pour la mer vomissant des meurtrissures obscènes

POUR L’OISEAU DONT LES AILES ONT BOUSCULE LE CHANT

Pour cette chanson triste des matins sanglots
Pour l’arrogance bovine des hells et des skin-heads
Pour la caresse ultime du vent dans les marais
Pour la charogne offerte aux vautours anonymes
Pour le rire brisé dans le miroir voleur
Pour ton chant dans la nuit aux musiques d’écume
Pour la musique pourrie bavée des microphones

POUR CETTE CHANSON TRISTE DES MATINS SANGLOTS

Pour les larmes que tu verses au soleil qui se lève
Pour les enfants meurtris le doigt sur la gâchette
Pour les journaux nation sans fautes d’orthographe
Pour les piqûres sociales des neiges éternelles
Pour la blancheur sacrée des manteaux de fourrure
Pour le son infernal de la télé guerrière
Pour le sang des Chinois sur la Place Tien An Men
Pour les femmes bâillonnées aux cœurs des religions

POUR LES LARMES QUE TU VERSES AU SOLEIL QUI SE LEVE

Pour les nuits de tempêtes où tu vomis la vie
Pour l’orchestre qui rifte des accords dissonants
Pour ton sexe sali à jamais d’habitudes
Pour les arbres en allés dans des vapeurs d’enfer
Pour ton style fusillé par les yeux des passants
Pour la mort qui dévore le futur lactescent
Pour les veines bleutées où circule le vide
Pour les nuages violons hachés de pluies acides

POUR LES NUITS DE TEMPÊTE OU TU VOMIS TA VIE

Pour l’argent sublimé dans des soleils blafards
Pour le bateau qui tangue et chavire en douceur
Pour les châteaux dorés où baignent tes désirs
Pour l’absence infinie des aventures sourires
Pour la vision infâme de l’humain exploité
Pour le rai de lumière constellé de poussières
Pour le saut dans l’abîme des marchands de plaisir
Pour les richesses crachées sur les mains du malheur

POUR L’ARGENT SUBLIME DANS DES SALAIRES BLAFARDS

Pour l’actualité trafiquée d’ironies
Pour l’imbécillité du pouvoir de la force
Pour les cris pétrolés des goélands d’hiver
Pour tes pas dans la neige qui s’effacent aussitôt
Pour les mots que tu lâches en montagnes d’espoirs
Pour le ventre qu’on fouille au milieu des bagages
Pour le ciel qui défèque ses teintes de napalm
Pour les tueries perverses des religions haïes

POUR L’ACTUALITE TRAFIQUEE D’IRONIES

Pour l’ennui et l’angoisse habillées de nectars
Pour le couteau dressé dans un treillis misère
Pour le chant de l’automne balancé de soleils
Pour les fleurs arrachées aux caveaux de famille
Pour les chemins perdus qui hantent nos pensées
Pour les rives accessibles et qu’on ne peut atteindre
Pour la peur de l’amour ou l’amour de la peur
Pour le fusil braqué sur les chevaux sauvages

POUR L’ENVIE ET L’ANGOISSE HABILLEES DE NECTARS

Pour mes cheveux blanchis par des voix d’outre tombe
Pour le vieillard laissé sur le bord de l’Histoire
Pour le tranquillisant circulant dans nos veines
Pour l’amour que tu portes en ton ventre tendu
Pour le risque du temps à épuiser l’étreinte
Pour la faim et la mort qui dansent sur le sable
Pour l’imagination qu’engloutit la tristesse
Pour la fascination des paradis perdus

POUR MES CHEVEUX BLANCHIS PAR DES VOIX D’ OUTRE TOMBE

Pour ta voix dessinant des bouquets de silences
Pour tes mains déchirant des symphonies abstraites
Pour tes yeux qui se ferment aux gouttes de rosée
Pour ta bouche adorée aux allures de chewing-gum
Pour tes reins étrangers aux baisers de la nuit
Pour tes jambes infinies silhouettées de jeans
Pour tes gestes d’enfants envolés du brouillard
Pour ton corps deviné dans la marée montante

POUR TA VOIX DESSINANT DES BOUQUETS DE SILENCES

POUR L’OISEAU DONT LES AILES ONT BOUSCULE LE CHANT
POUR CETTE CHANSON TRISTE DES MATINS SANGLOTS
POUR LES LARMES QUE TU VERSES AU SOLEIL QUI SE LEVE
POUR LES NUITS DE TEMPÊTES OU TU VOMIS LA VIE
POUR L’ARGENT SUBLIME DANS DES SALAIRES BLAFARDS
POUR L’ACTUALITE TRAFIQUEE D’IRONIE
POUR L’ENVIE ET L’ANGOISSE HABILLEES DE NECTARS
POUR MES CHEVEUX BLANCHIS PAR DES VOIX D’OUTRE TOMBE
POUR TA VOIX DESSINANT DES BOUQUETS DE SILENCE


Pour tout ça……………

LA SOUFFRANCE !

****************************************************

Retour